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dres que connaissait Engels, avec les groupes de Paris que dirigeait Ewerbeck. La méthode, adoptée par Engels et Marx, de lancer des circulaires lithographiées, se révéla très efficace. C’en fut fait du socialisme philosophique, lorsque fut lancé, le 11 mai 1846, le manifeste contre Hermann Kriege[1], jeune journaliste westphalien, qui rédigeait à New-York la Volkstribüne. De ce jour, il apparut que la doctrine nouvelle allait en finir avec les rêveries tendres et les utopies fraternelles, et ne plus faire appel « qu’à l’antagonisme qui existe entre la bourgeoisie et le prolétariat ». Weitling lui-même, avec Seiler, Heilberg, Gigot, Wolff, Westphalen, avait mis son nom à côté de ceux de Marx et d’Engels. Mais lentement les groupes survivants de la Fédération des Justes se détachaient aussi de Weitling. Il s’en aperçut lors de son passage à Bruxelles, où il vint en 1846. Les autorités suisses, après lui avoir fait purger sa prison, l’avaient livré aux autorités prussiennes, qui le réclamaient comme réfractaire au service militaire. Sa débilité seule le sauva de la caserne, et, depuis 1844, il avait vécu à Londres, sans retrouver son influence ancienne. Il vint à Bruxelles s’éclairer sur l’influence rivale qu’il discernait. L’entrevue mémorable eut lieu avec Marx le 30 mars 1846, et ce fut une rupture à jamais[2]

  1. Sur ce manifeste, v. Neue Zeit, XIVe année, t. ii (1895-96), p. 217, et notre commentaire 62 sq.
  2. Nous avons deux relations de l’entrevue : l’une, la plus anciennement connue, est d’Amienkow « le Russe amené par