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L’obscure, question polonaise s’éclaire depuis la révolte de Cracovie (février 1846)[1]. Une vaste conspiration communiste, alimentée d’argent, propagée par des écrits, aidée par l’introduction d’armes, avait couvert la Galicie depuis 1841. De grands propriétaires ruinés, de petits employés de la caste des slachcic (noblesse mendiante) fournirent les gros effectifs d’un parti qui proposa l’émancipation nationale par la réforme agraire. Dès longtemps, l’aristocratie demandait la suppression des redevances et des corvées féodales. L’Autriche les maintenait et obligeait en outre les seigneurs à prélever sur les paysans les impôts d’État, afin que la haine des paysans ruthènes se tournât contre l’aristocratie polonaise. L’aristocratie essaya de la révolution. Elle établit à Cracovie, le 22 février 1846, un gouvernement dictatorial communiste dont le manifeste contenait le passage suivant : « Tâchons de reconquérir une communauté où chacun jouira des biens de la terre d’après son mérite et sa capacité. Qu’il n’y ait plus de privilèges ! Que celui qui sera inférieur de naissance, d’esprit ou de corps trouve sans humiliation l’assistance infaillible de toute la communauté, qui aura la propriété absolue du sol, aujourd’hui possédé tout entier par un petit nombre ! Les corvées et autres droits pareils cessent, et tous ceux qui auront combattu pour la patrie recevront une indemnité en fonds de

  1. Sur l’organisation de l’émeute, v. Metternich, Mémoires, t. VII, p. 167 sq., 194 sq., 287 sq. ; sur la répression, Chodzko, Massacres de Galicie. Paris, 1861.