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sion des privilégiés. Mais il n’y aura plus dans la société nouvelle, comme l’avait déjà dit Engels dans son article sur Carlyle[1], cette antithèse entre les aristocrates de la pensée et une plèbe imbécile pour la misère de laquelle philanthropiquement les premiers inventent des remèdes. Cette synthèse de la théorie et de la science, annoncée parle saint-simonisme, à coup sûr s’édifiera. Le matérialisme historique, n’a pas d’autre objet que de la constituer, mais ce n’est pas un prêtre initié qui la construira, c’est l’ensemble des travailleurs qui, incessamment, par son effort industriel et idéologique, l’élabore. Le prêtre de Saint-Simon est remplacé par le prolétariat.

2o Les utopistes, puisqu’ils croient à la vertu des idées, croient ces idées capables de convaincre les classes dirigeantes, fussent-elles, contraires à leurs intérêts. Ils font appel aux classes dirigeantes pour réaliser leur système. Les saint-simoniens flattent leur ambition par le plan d’une hiérarchie somptueuse ou leurs « capacités » trouveraient un emploi rémunère selon leurs œuvres. Fourier les prend par leur lâcheté en exposant un plan de répartition qui, faisant une part équitable au capital, au travail et au talent, mettrait fin à toute guerre sociale. Tous font de la propagande dans les salons, soumettent comme Owen leurs projets aux congrès des princes, sacrifient parfois une grosse fortune personnelle, ou attendent, comme Fourier, au Palais-Royal, le capitaliste qui fournira

  1. Annales franco-allemandes, 1844.