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tête de sa revue, déclarait qu’il avait pour « tous les efforts de politique libérale, non seulement de l’indifférence, mais du dégoût[1] ». Les pays démocratiques avaient-ils moins de misère intellectuelle, morale et matérielle que les pays autocratiques ? « Le monarque de la Prusse a-t-il moins de cœur pour la misère des classes pauvres, que la Chambre des députes française ? » Et il dénonçait comme les causes vraies de la misère « la concurrence libre, l’industrie privée, l’absence d’une organisation du travail ».

Ces théoriciens aveuglés faisaient ainsi les affaires de l’absolutisme et de la féodalité. Leur critique de la bourgeoisie permettait de refuser au peuple le peu de libertés que la bourgeoisie exige, à tout le moins pour assurer le fonctionnement du capitalisme. Soit qu’il fallut attendre ces libertés de la croissance spontanée du capitalisme en Allemagne, soit qu’on voulût tenter la révolution prolétarienne, d’accord avec la petite bourgeoisie (§ 32), sans passer par le régime français des gouvernements « financiers, boursicotiers et exploiteurs », ce n’était pas le moment de compromettre par des surenchères dédaigneuses les libertés qu’on n’avait même pas encore su acquérir. C’est pourquoi Marx et Engels condamnent avec une particulière énergie la littérature « malpropre » de ceux qui avaient été jusque-là leurs collaborateurs.

  1. Die gesellschaftlichen Zustaende der civilisirten Welt, p. 2.