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Schuster en fut le directeur effectif et l’inspirateur, jusqu’à la disparition de la revue en 1836. Il demeura le chef incontesté du groupe jusqu’en 1841.

Il apparait aisément par la lecture du Geæchchtele et des Pensées d’un Républicain, éditées à Paris (1835) que ses maitres théoriques sont Saint-Simon et Sismondi. Mais il eut pour maître pratique le prolétariat français. Aussi n’est-il pas étonnant qu’il ait élaboré une notion de la lutte des classes et du déterminisme économique déjà très voisine de Marx, et que ses projets de réforme annoncent Louis Blanc et Lassalle.

À la base du système, il y a la pensée saint-simonienne de la relation nécessaire entre la situation économique et la situation politique ; la pensée « réformiste » et française qui répudie les révolutions politiques comme vaines, si elles ne s’accompagnent d’un bouleversement de l’ordre social lui-même. Le régime de la liberté formelle, fondé par la Révolution, est un leurre, tant que la société se divise en deux classes de citoyens, dont les uns sont pauvres, ignorants et confiants, les autres riches, instruits et avisés. Toutes les lois du monde n’empêcheront pas que les premiers ne soient esclaves des seconds. Les millions de la richesse publique sont concentrés en un petit nombre de mains, et l’on veut que la liberté soit donnée à tous ? La contradiction est pareille à celle qui

    Théodore Schuster, v. la monographie déjà citée de Heinrich Schmidt (Neue Zeit, xvie année, t. I).