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par les débats de la commission ouvrière du Luxembourg. Le présent article est à la fois une des idées les plus vieilles du communisme allemand et la prévision la plus exacte des prochaines revendications pratiques.

8° Ces ateliers nationaux, il fallait leur assurer des travailleurs. Déjà le droit au travail ne suffisait plus à l’ambition communiste. Pour réaliser les « plans d’ensemble » agricoles et industriels, pour en finir aussi avec le régime du profit oisif, il ne semblait pas de trop de recourir à la vieille loi babouviste, admise par la Fédération des Justes : « Tout membre de la communauté nationale lui doit le travail de l’agriculture et des arts utiles dont il est capable. La loi détermine la durée journalière des travaux.[1] » La création d’armées industrielles, notamment, est un projet dont Weitling avait fait adopter les termes fouriéristes.

9° Est-ce du fouriérisme encore qu’il faut reconnaître dans le projet de réunir l’agriculture et le travail industriel ? Le système fouriériste, ici comme ailleurs, est qualifié d’utopique par le Manifeste (§ 72). L’influence de Pecqueur nous semble ici encore probable. N’est-ce pas lui qui annonçait que la nature de plusieurs industries commanderait un jour « le cumul de la ferme et de la manufacture » ; de sorte que le village futur serait « un composé régulier de grandes fermes, d’élégantes fabriques et d’élé-

  1. Décret économique de Babeuf, art. 1 et 6, dans Buonarroti, II, p. 308, et Introduction historique, p. 27, 29.