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Intérêts du Commerce, que des particuliers fussent propriétaires des chemins de fer, ils seraient la grande maison de roulage de la contrée que ces lignes traverseraient. » Ils auraient un moyen indirect, mais puissant, de régler les prix de toutes les marchandises et de fixer la valeur du sol dans cette contrée. Il y aurait « monopole flagrant et inféodation certaine[1] ». C’est pourquoi le marxisme reprend l’idée suggérée par Pecqueur en 1838, et qui veut que « les chemins de fer, les canaux, en général les grandes voies de communication, soient envisagées comme des nécessités publiques, qui doivent être accessibles à tous, sans péages ni tarifs ; être exécutées, dirigées, exploitées au nom et pour le compte et par les agents de la chose publique ».

7o Pareille gestion par l’État est applicable à toutes les industries, agricoles et usinières. Le projet des ateliers nationaux, esquissé par Fourier et Schuster, enjolivé par Weitling[2], développé par Louis Blanc, est ici repris ; et on l’appliquerait notamment à des industries déjà très centralisées. La pratique qui consiste à tuer la grande industrie privée par la concurrence, en ayant recours à une commandite plus puissante que toute commandite privée, celle de l’État, est naturelle à la petite bourgeoisie. La social-démocratie de la nuance Ledru-Rollin, d’emblée, s’y convertit. On le vit bien, l’année suivante,

  1. Pecqueur. Des Intérêts du Commerce, I, p. 144 sq. ; 467 sq.
  2. Voir Introduction historique, p. 17-29.