Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui est proposée n’a donc trait qu’à la culture industrielle. Elle porte un caractère anglais très net. Elle vise le landlordisme exécré des chartistes. Elle traduit cette pensée de la prise de possession du sol national par le peuple qui fut leur pensée agraire[1].

Le projet d’« affecter à l’État la rente du sol » est anglais dans sa formule et dans son origine, étant dû à Mill et à Hilditch. Marx y voyait « la franche expression de la haine que le capitaliste industriel voue au propriétaire foncier[2] ». La socialisation de la rente foncière, quoique insuffisante, est une des mesures que le prolétariat peut arracher aux « dissentiments internes de la bourgeoisie ».

2o L’impôt progressif n’est pas une revendication prolétarienne. Les économistes, pour la plupart, y adhéraient depuis Adam Smith. Say ne craignait pas de dire que « l’impôt progressif est le seul équitable ». De longue date, il fait partie du système défensif de la petite bourgeoisie contre la grande. Le communisme se bornera à demander « une progression formidable ».

3o L’abolition de l’héritage, Weitling l’avait demandée ; et c’est par lui que cette revendication pénétra dans le communisme allemand. Mais comment n’y pas reconnaître la doctrine saint-simonienne et cette haine des saint-simoniens « contre un privilège dont la bourgeoisie

  1. Voir appendice au Manifeste, p. 81.
  2. Marx. Anti-Proudhon, p. 224.