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liens que Marx désigne du nom de Productions-verhæltniss[1]. L’utilisation d’une force productive crée ces liens, puis les modifie, en grandissant, jusqu’à les déchirer.

Les conditions de la production actuelle sont à définir comme un régime où les forces productives sont du capital. Une machine n’est pas seulement un outil, mais un capital. Son fonctionnement implique : 1o un rapport de propriétaire à propriété, qui est respecté par les autres hommes ; 2o un rapport de ce propriétaire à ceux qui mettent cette machine en marche (rapport de direction et d’obéissance) ; 3o un échange de services entre ceux qui travaillent et celui qui possède, dont le premier fournit la force productive, et le second une part du produit ; 4o un rapport de concurrence entre les différents groupes de producteurs ; 5o un rapport de sentiment entre les hommes qui occupent une place dans ces groupes.

Tous ces rapports sont à deux termes. « La propriété, dans sa forme actuelle, se meut entre ces pôles opposés. » (§ 37) L’intelligence complète du mouvement économique exige qu’on envisage ces rapports du point de vue des deux classes en présence. On s’apercevra alors qu’ils

  1. Nous éviterons prudemment le mot de « rapport de production » qui, chez certains glossateurs français de Marx, est destiné à rendre ce mot allemand. Cette expression, bien qu’elle se trouve dans l’Anti-Proudhon de Marx lui-même, est barbare selon la syntaxe française. Marx, styliste très vigoureux et pur en allemand, écrivait un français médiocre, dont nous n’avons aucune raison d’imiter les solécismes.