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eux : « philosophie de l’action », « vrai socialisme », « science allemande du socialisme », « recherche des fondements philosophiques du socialisme », etc.

La littérature socialiste et communiste française subit ainsi une véritable émasculation. Et, comme chez les Allemands elle n’était plus l’expression de la lutte d’une classe contre une autre classe, les Allemands se targuaient de s’être élevés au-dessus de l’étroitesse française, d’avoir plaidé la cause non des besoins vrais, mais des besoins de la vérité ; d’avoir défendu non pas les intérêts du prolétaire, mais les intérêts de la vraie nature humaine, de l’homme en général, qui ne fait pas partie d’une classe ni d’une réalité quelconque, mais qui n’existe que dans les cieux embrumés de la fantaisie philosophique.

64. Ce socialisme allemand, qui mettait un sérieux si solennel dans la gaucherie de ses exercices scolaires, qui en criait le boniment sur la place publique à son de trompe, perdit cependant bientôt sa première ingénuité pédantesque.

La lutte de la bourgeoisie contre la féodalité et contre la royauté absolue, le mouvement libéral en un mot, se fit plus sérieux en Allemagne, et surtout en Prusse.

L’occasion parut bonne au socialisme « vrai » d’opposer au mouvement politique les revendications socialistes ; de lancer les anathèmes traditionnels contre le libéralisme, contre le régime représentatif, contre la concurrence bourgeoise,