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les conditions bourgeoises de la production et de la bourgeoisie elle-même.

42. En un mot vous nous reprochez de vouloir abolir la propriété au sens où vous l’entendez. Et à coup sûr, c’est bien là ce que nous voulons.

Dès l’instant où le travail cesse d’être transformable en capital, en argent, en rente foncière, bref en un monopole virtuel de puissance sociale ; dès l’instant où la propriété personnelle cesse de pouvoir se convertir en propriété bourgeoise, vous déclarez que la personnalité est abolie.

Vous avouez donc que la personne, à votre sens, c’est le bourgeois, et le bourgeois propriétaire. À coup sûr, cette personnalité-là est à supprimer.

Le communisme n’ôte à personne le pouvoir de s’approprier des produits sociaux ; mais il ôte le pouvoir d’assujettir, en se l’appropriant, le travail d’autrui.

43. On a objecté que l’abolition de la propriété privée ferait cesser toute activité ; qu’une fainéantise générale ne tarderait pas sévir.

S’il en était ainsi, la société bourgeoise depuis longtemps aurait péri dans sa fainéantise. Car dans cette société, ceux qui travaillent ne s’enrichissent pas, et ceux qui s’enrichissent ne sont pas ceux qui travaillent. Le scrupule qu’on a se réduit à cette vérité de La Palisse : qu’il n’y aura plus de salariat quand il n’y aura plus de capital.