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38. Être capitaliste, ce n’est pas seulement être en possession d’une certaine situation personnelle ; c’est occuper une situation sociale dans la production. Car le capital est un produit collectif, et il ne peut être mis en œuvre que par le travail collectif de beaucoup, ou même, en dernière analyse, que par le travail collectif de tous les membres de la société.

Le capital n’est donc pas une puissance attachée à une personne, il est une puissance inhérente à la société.

Lorsqu’on fait du capital une propriété collective, appartenant à tous les membres de la société, ce n’est donc pas de la propriété personnelle qui se transforme en propriété collective. Ce qui est changé, c’est le caractère social de la propriété. Elle cesse d’être une propriété de classe.

39. Passons au travail salarié.

Le prix moyen auquel s’achète le travail salarié, c’est le minimum du salaire, c’est-à-dire la somme des moyens de subsistance nécessaires à faire vivre le travailleur selon sa condition de travailleur. Ce que le travailleur salarié s’approprie par son travail suffit tout juste pour reproduire sa vie, sans plus. Nous ne voulons nullement abolir cette appropriation personnelle des produits du travail, qui a pour objet d’entretenir immédiatement la vie. Elle ne laisse pas de revenu net capable de lui conférer un pouvoir sur le travail d’autrui. Mais nous voulons abolir tout ce qu’il y a de misérable dans une méthode de répartition qui ne fait vivre le travailleur