Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la masse ouvrière, si elle vient à se produire, ne résulte pas encore de leur coalition propre. Ils ne se coalisent que sous la conduite d’une bourgeoisie, qui déjà se voit dans l’obligation, mais qui a encore la capacité de mettre en mouvement tout le prolétariat pour en arriver à ses fins politiques à elle. Par conséquent, à ce degré de révolution, les ouvriers ne luttent pas contre leurs ennemis vrais, mais, contre les ennemis de leurs ennemis, contre les vestiges de la monarchie absolue, contre les propriétaires fonciers, les bourgeois non industriels, les petits bourgeois. Ainsi la direction de tout le mouvement historique se concentre aux mains de la bourgeoisie. Toute victoire remportée est alors une victoire de cette bourgeoisie.

21. Mais le développement de l’industrie ne fait pas qu’augmenter en nombre le prolétariat. Il agglomère le prolétariat en masses plus denses ; et sa force en est grandie avec le sentiment qu’il en a. Les différences dans les intérêts et dans le genre de vie se nivellent entre les catégories diverses du prolétariat lui-même, à mesure que l’outillage mécanique détruit les différences dans le genre de travail et réduit presque partout le salaire à un niveau d’une égale modicité. Mais ce salaire des ouvriers subit des oscillations de jour en jour plus fréquentes, du fait de la concurrence croissante que les bourgeois se font entre eux, et qui entraîne des crises commerciales. La condition entière de l’ouvrier est de plus en plus mise en