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portion constamment décroissante comparativement à l’augmentation du capital.

Ces quelques indications suffiront à montrer que le développement même de l’industrie moderne doit progressivement faire pencher la balance en faveur du capitaliste contre l’ouvrier, et que, par conséquent, la tendance générale de la production capitaliste est non d’élever mais bien d’abaisser l’étalon moyen des salaires, c’est-à-dire de pousser la valeur du travail plus ou moins à sa limite minima. Telle étant la tendance des choses sous ce régime, est-ce à dire que la classe ouvrière doive renoncer à sa résistance contre les empiètements du capital, abandonner les tentatives par lesquelles elle s’efforce de tirer parti des chances d’amélioration passagère qui se présentent.

S’ils agissaient ainsi, les travailleurs se dégraderaient, tomberaient au plus bas niveau pour ne plus former qu’une masse uniforme, écrasée, de malheureux, que rien ne pourrait arracher à sa misère. Je crois avoir montré que leurs luttes pour obtenir un salaire normal sont les incidents inséparables du régime du salariat dans son ensemble, que, dans quatre-vingt-dix-neuf cas sur cent, leurs efforts pour relever les salaires ne sont que des efforts pour maintenir la valeur donnée du travail, et que la nécessité de discuter leur prix avec le capitaliste est inhérente à leur condition qui les oblige à se vendre comme marchandises. En cédant pied lâchement dans leur conflit de tous les jours avec le capital, ils perdraient certainement le droit d’entreprendre aucun mouvement plus étendu et plus général.