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que, le capital s’étant développé en Angleterre, dans ces vingt dernières années, infiniment plus vite que la population, les salaires ne se soient pas élevés plus qu’ils ne l’ont fait. Mais en même temps que progresse l’accumulation, il s’opère un changement progressif dans la composition du capital. Cette portion de l’ensemble du capital, qui consiste en capital fixe ou constant, — machines, matières premières, moyens de production sous toutes les formes possibles, — augmente d’après une progression croissante en comparaison de l’autre portion du capital, qui est employée aux salaires, à l’achat du travail. Cette loi a été formulée, d’une manière plus ou moins exacte, par Barton, Ricardo, Sismondi, le professeur Richard Jones, le professeur Ramsey, Cherbuliez et plusieurs autres.

Si la proportion de ces deux éléments du capital était, à l’origine, de un contre un, elle deviendra, à mesure que progressera l’industrie, de cinq contre un, et ainsi de suite. Si un capital total de 600, il y en a 300 d’employés en instruments, matières premières, etc., et seulement 300 en salaires, il n’y aura qu’à doubler le même capital pour créer une demande de 600 ouvriers au lieu de 300. Mais si, sur un capital de 600, il y a 500 d’employés en machines, matières premières, etc., et seulement 100 en salaires, il faudra que le même capital soit porté de 600 à 3.600 pour créer une demande de 600 ouvriers au lieu de 300. Dans le progrès de l’industrie, la demande de travail ne marche donc point du même pas que l’accumulation du capital. Elle augmente encore, mais elle augmente dans une pro-