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lings à dix-huit serait une hausse subite de cent pour cent. Or, nous ne discutons pas du tout la question de savoir si le taux général des salaires en Angleterre pourrait tout à coup monter de cent pour cent. Nous n’avons nullement à nous occuper de la grandeur de la hausse, laquelle pratiquement doit dans chaque cas particulier dépendre de circonstances données et s’y accommoder. Nous avons seulement à rechercher quelle sera l’action d’une hausse générale dans le taux des salaires, cette hausse ne fût-elle que d’un pour cent.

Laissant donc de côté l’ami Weston et sa hausse fantastique de cent pour cent, je me propose d’appeler votre attention sur la hausse réelle des salaires qui a eu lieu de 1849 à 1859 dans la Grande-Bretagne.

Vous connaissez tous le bill des dix heures, ou plus exactement des dix heures et demie, introduit dans la législation anglaise après 1848. Il constitue un des plus grands changements économiques dont nous ayons été témoins. Ce fut une hausse des salaires subite et forcée, non dans quelques professions et quelques localités, mais dans toutes les grandes industries qui ont établi la suprématie de l’Angleterre sur les marchés du monde entier. Ce fut une hausse des salaires en des circonstances singulièrement défavorables. Le Dr Ure, le professeur Senior et tous les autres économistes officiels, oracles de la bourgeoisie, démontrèrent, et, je dois le dire, en se fondant sur des motifs bien plus forts que ceux de notre ami Weston, que la loi nouvelle allait sonner le glas de l’industrie anglaise. Ils démontrèrent qu’elle n’équivalait pas simplement à