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Ainsi la prétendue autorité centrale nouvelle de l’Allemagne laissait les choses en état. Bien loin de réaliser l’unité tant désirée de l’Allemagne, elle ne dépossédait pas même le plus insignifiant des princes qui la gouvernaient ; elle ne resserrait pas les liens qui unissaient ses provinces séparées ; elle ne fit pas un seul pas pour abattre les barrières de douane qui séparaient le Hanovre de la Prusse et la Prusse de l’Autriche ; elle ne fit pas la moindre tentative pour abolir les droits odieux qui partout mettent obstacle à la navigation fluviale en Prusse. Mais moins l’Assemblée faisait de besogne, plus elle faisait de rodomontades. Elle créa une flotte allemande, sur le papier, elle annexa la Pologne et le Slesvig, elle permit à l’Autriche allemande de faire la guerre contre l’Italie, mais elle défendit aux Italiens de poursuivre les Autrichiens jusque dans leur sûre retraite en Allemagne ; elle donna trois salves d’applaudissernents à la République française, et elle reçut des ambassadeurs hongrois, qui sûrement retournèrent chez eux avec des notions bien plus embrouillées sur l’Allemagne qu’ils ne les avaient en arrivant.

Cette assemblée avait été, au début de la révolution, la bête noire de tous les gouver-