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un pays où toutes les sources d’information étaient sous le contrôle du gouvernement ; où nulle part, ni à l’école du village, ni au journal, ni, à l’université, rien n’était enseigné, imprimé ou publié qui n’eût, au préalable, reçu son approbation. Voyez Vienne, par exemple. Le peuple de Vienne, qui pour l’industrie et les manufactures ne le cédait peut-être à aucun autre d’Allemagne, qui pour le courage, l’esprit et l’énergie révolutionnaire s’est montré supérieur à tous, était plus ignorant sur ses véritables intérêts, et commettait plus de fautes, pendant la révolution, que tous les autres peuples et cela était dû, en grande partie, à l’ignorance à peu près absolue dans laquelle le gouvernement de Metternich avait réussi à le maintenir.

Il n’est pas besoin d’autres explications pour comprendre pourquoi, sous un système pareil, les connaissances politiques formaient un monopole presque exclusif des classes de la société qui avaient les moyens de les faire entrer dans le pays en contrebande, et plus particulièrement de celles dont les intérêts étaient le plus menacés par l’état de choses existant, c’est-à-dire des classes industrielles et commerciales. Celles-ci, par conséquent, furent les premières à s’opposer en masse à la