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et le petit savetier ou le maître tailleur, de même l’ouvrier de fabrique si éveillé des Babylones manufacturières modernes se distingue du tout au tout du timoré journalier tailleur ou ébéniste d’une petite ville de campagne dont les circonstances de vie et le mode de travail diffèrent peu de ceux de ses semblables d’il y a cinq cents ans. Cette absence générale des conditions d’existence modernes, des modes de production industrielle modernes, était accompagnée, comme de juste, par une absence presque aussi générale d’idées modernes. C’est pourquoi il n’y a pas lieu de s’étonner de ce que, à l’explosion de la révolution, une grande partie des travailleurs ait réclamé à grands cris le rétablissement immédiat des corporations de métiers privilégiées du moyen âge. Cependant, grâce aux districts manufacturiers, où prédominait le système de production moderne, aux facilités de communication et au développement intellectuel dû à la vie nomade d’un grand nombre de travailleurs, il se forma un puissant noyau d’éléments dont les idées sur l’émancipation de leur classe étaient plus claires et plus en harmonie avec les faits existants et les nécessités historiques. Mais ce n’était là qu’une minorité. Si le mouvement actif de la bourgeoisie date