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tielle ne s’est trouvée dans une position aussi avantageuse. On attendait une révolution à Paris ; dans tous les États du centre de l’Allemagne, non seulement le peuple, mais encore les troupes étaient favorables à l’insurrection et ne demandaient qu’une occasion pour se joindre à elle ouvertement. Et cependant le mouvement, une fois tombé entre les mains de la petite bourgeoisie, était dès lors voué à la ruine. Les régents petits bourgeois, ceux de Bade surtout — M. Brentano à la tête — n’oublièrent jamais qu’en usurpant la place et les prérogatives du souverain « légal », le Grand Duc, ils commettaient le crime de haute trahison. Ils s’installèrent dans leurs fauteuils ministériels avec, dans le cœur, le sentiment de leur crime. Que peut-on demander de pareils poltrons ? Ils faisaient pis qu’abandonner l’insurrection à son propre mouvement spontané, non centralisé et partant inefficace ; ils faisaient tout ce qui dépendait d’eux pour ôter l’aiguillon du mouvement, pour l’énerver, pour le mettre à néant. Et ils y réussirent, grâce à l’appui zélé de cette classe de profonds politiciens, les héros « démocratiques » de la petite bourgeoisie qui s’imaginaient sérieusement « sauver le pays », alors qu’ils se laissaient mener par le bout du nez par une