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maître, tel valet. L’évolution des conditions d’existence d’une classe prolétarienne nombreuse, forte, concentrée et intelligente, marche de pair avec le développement des conditions d’existence d’une classe bourgeoise riche, concentrée, et puissante. Le mouvement de la classe ouvrière n’est jamais indépendant, ne possède jamais un caractère exclusivement prolétarien avant que les différentes fractions de la bourgeoisie et particulièrement la fraction la plus progressive, les grands industriels, n’aient conquis le pouvoir politique et transformé l’État au gré de leurs besoins. C’est alors que l’inévitable conflit entre le patron et l’employé est imminent et ne peut plus être ajourné ; que la classe ouvrière ne se laisse plus repaître d’espérances illusoires et de promesses qui ne seront jamais réalisées que le grand problème du xixe siècle, l’abolition du salariat, apparaît enfin clairement et dans son vrai jour. Or, en Allemagne, la grande majorité de la classe ouvrière n’était pas employée par ces princes de l’industrie moderne, dont la Grande Bretagne fournit de si magnifiques exemplaires, mais par de petits artisans, dont tout le système manufacturier est bonnement une relique du moyen âge. Et de même qu’il existe une différence énorme entre le grand fabricant