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tomberait sous le coup du § 110 du code pénal de l’Empire allemand. Il ne faut jamais avoir vu un autre prolétariat que celui d’un bien féodal de Poméranie, prolétariat de journaliers, en fait presque en servage, où règnent le bâton et le fouet, et où toutes les jolies filles du village appartiennent au harem de leur gracieux seigneur, pour se figurer pouvoir offrir de pareilles impertinences aux ouvriers. Mais nos conservateurs sont nos plus grands révolutionnaires.

Mais si les ouvriers ont assez de mansuétude pour se laisser raconter qu’ayant travaillé pendant 12 heures pleines d’un dur travail ils n’ont travaillé en réalité que 4 heures, il leur sera garanti comme récompense que, dans toute l’éternité, leur part au produit de leur propre travail ne tombera pas au-dessous du tiers. En réalité, c’est jouer l’air de la société future sur une trompette d’enfant. Cela ne vaut pas la peine de gaspiller un mot de plus sur cette question. Par conséquent, tout ce que Rodbertus offre de nouveau dans l’utopie des bons de travail est enfantin et bien inférieur aux travaux de ses nombreux rivaux, avant comme après lui.

Pour l’époque où parut Zür Erkenntniss, etc., de Rodbertus, c’était un livre certainement important. Poursuivre la théorie de Ricardo dans cette direction était un commencement qui promettait. Si, pour lui et pour l’Allemagne seuls, c’était une nouveauté, son travail en somme arrive à la