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qu’ils prêchent la religion du libre échange ; ils font imprimer et distribuer gratis des milliers de brochures pour éclairer l’ouvrier sur ses propres intérêts, ils dépensent des sommes énormes pour rendre la presse favorable à leur cause, ils organisent une vaste administration pour diriger les mouvements libre-échangistes, et ils déploient toutes les richesses de leur éloquence dans les meetings publics. C’était dans un de ces meetings qu’un ouvrier s’écria :

Si les propriétaires fonciers vendaient nos os, vous autres, fabricants, vous seriez les premiers à les acheter, pour les jeter dans un moulin à vapeur et en faire de la farine.

Les ouvriers anglais ont très bien compris la signification de la lutte entre les propriétaires fonciers et les capitalistes industriels. Ils savent très bien qu’on voulait rabaisser le prix du pain pour rabaisser le salaire et que le profit industriel augmenterait de ce que la rente aurait diminuée.

Ricardo, l’apôtre des free-traders anglais, l’économiste le plus distingué de notre siècle, est sur ce point, parfaitement d’accord avec les ouvriers.

Il dit dans son célèbre ouvrage sur l’économie politique :

« Si, au lieu de récolter du blé chez nous, nous découvrions un nouveau marché où nous pourrions nous procurer ces objets à meilleur compte, dans ce cas les salaires doivent baisser et les profits s’accroître. La baisse du prix des produits de