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nous regorgerons d’eau-de-vie de pomme de terre, que les pantalons ne nous feront pas défaut pour couvrir notre nudité, pendant que les boutons de culotte se multiplieront par milliers — Rodbertus triomphant nous montre alors son fameux compte dans lequel on a établi un certificat exact pour chaque livre de sucre superflue, pour chaque tonneau d’eau-de-vie non acheté, pour chaque bouton de culotte inutilisable, compte qui est « juste », qui « satisfait toutes les exigences et où la liquidation est exacte ». Et qui ne le croit pas n’a qu’à s’adresser à M. X… l’employé supérieur de la caisse de la dette publique en Poméranie, qui a revu le calcul et l’a trouvé juste et que l’on peut considérer comme n’ayant jamais été capable d’une faute dans ses comptes de caisse.

Et maintenant voyons un peu la naïveté avec laquelle Rodbertus veut supprimer les crises industrielles et commerciales, au moyen de son utopie. Dès que la production des marchandises a pris les dimensions du marché mondial, c’est par un cataclysme de ce marché, par une crise commerciale, que s’établit l’équilibre entre les producteurs isolés produisant selon un calcul particulier, et le marché pour lequel ils produisent, dont ils ignorent plus ou moins la demande en qualité et en quantité. Si l’on interdit à la concurrence de faire connaître aux producteurs isolés l’état du marché par la hausse ou la baisse des prix, on les aveugle