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Opposé à Thiers, Proudhon prit en effet les proportions d’un colosse antédiluvien.

Les derniers faits et gestes économiques de Proudhon furent sa découverte du « Crédit gratuit » et de la « Banque du Peuple » qui devait le réaliser. Dans mon écrit Zur Krilik der Politischen Oekonomie (critique de l’Économie Politique) Berlin, 1859, (p. 59-64), on trouve la preuve que ces idées proudhoniennes sont fondées sur une complète ignorance des premiers éléments de l’économie politique bourgeoise : le rapport entre la marchandise et l’argent ; tandis que leur réalisation pratique n’était que la reproduction de projets bien antérieurs et bien mieux élaborés. Il n’est pas douteux, il est même de toute évidence que le développement du crédit qui a servi en Angleterre au commencement du dix-huitième et plus récemment de notre siècle, à transférer les richesses d’une classe à une autre, pourrait servir aussi, dans certaines conditions politiques et économiques, à accélérer l’émancipation de la classe ouvrière. Mais considérer le capital portant intérêts comme forme principale du capital, mais vouloir faire d’une application particulière du crédit, de l’abolition prétendue du taux de l’intérêt, la base de la transformation sociale — voilà une fantaisie tout ce qu’il y a de plus épicier. Aussi la trouve-t-on déjà élucubrée con amore, chez les porte-parole de la petite bourgeoisie anglaise du xviie siècle. La polémique de