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terre, ou qu’il en tirerait s’il la vendait. Mais en achetant ou en vendant la terre, il n’achète ou ne vend que la rente. Le prix qu’il a mis pour se faire acquéreur de la rente, se règle sur le taux de l’intérêt en général et n’a rien à faire avec la nature même de la rente. L’intérêt des capitaux placés en terrains est, en général, inférieur à l’intérêt des capitaux placés dans les manufactures ou le commerce. Ainsi pour celui qui ne distingue pas l’intérêt que la terre représente au propriétaire d’avec la rente elle-même, l’intérêt de la terre capital diminue encore plus que l’intérêt des autres capitaux. Mais il ne s’agit pas du prix d’achat ou de vente de la rente, de la valeur vénale de la rente, de la rente capitalisée, il s’agit de la rente elle-même.

Le fermage peut impliquer encore, outre la rente proprement dite, l’intérêt du capital incorporé à la terre. Alors, le propriétaire reçoit cette partie du fermage non comme propriétaire, mais comme capitaliste ; ce n’est cependant pas là la rente proprement dite dont nous avons à parler.

La terre, tant qu’elle n’est pas exploitée comme moyen de production, n’est pas un capital. Les terres capitaux peuvent être augmentées tout aussi bien que tous les autres instruments de production. On n’y ajoute rien à la matière, pour parler le langage de M. Proudhon, mais on multiplie les terres qui servent d’instrument de production. Rien qu’à appliquer à des terres déjà