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que celui du terrain inférieur. C’est l’excédent du prix des produits du meilleur terrain sur les frais de leur production qui constitue la rente. Si l’on avait toujours à sa disposition des terrains du même degré de fertilité ; si l’on pouvait, comme dans l’industrie manufacturière, recourir toujours à des machines moins coûteuses et plus productives, ou si les secondes mises de capital produisaient autant que les premières, alors le prix des produits agricoles serait déterminé par le prix des denrées produites par les meilleurs instruments de production, comme nous l’avons vu pour le prix des produits manufacturés. Mais aussi, dès ce moment, la rente aurait disparu.

Pour que la doctrine de Ricardo soit généralement vraie, il faut que les capitaux puissent être librement appliqués aux différentes branches de l’industrie ; qu’une concurrence fortement développée entre les capitalistes ait porté les profits à un taux égal ; que le fermier ne soit plus qu’un capitaliste industriel qui demande, pour l’emploi de son capital à des terrains inférieurs, un profit égal à celui qu’il tirerait de son capital appliqué, par exemple, à l’industrie cotonnière ; que l’exploitation agricole soit soumise au régime de la grande industrie ; enfin, que le propriétaire foncier lui-même ne vise plus qu’au revenu monétaire.

Il se peut que la rente n’existe pas encore, comme