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la critique : je ne disputerai jamais avec un adversaire qui poserait en principe l’erreur spontanée de vingt-cinq millions d’hommes… Pourquoi donc, si la concurrence n’eût été un principe de l’économie sociale, un décret de la destinée, une nécessité de l’âme humaine, pourquoi, au lieu d’abolir corporations, maîtrises et jurandes, ne songeait-on plutôt à réparer le tout ?

Ainsi, puisque les Français du XVIIIe siècle ont aboli corporations, maîtrises et jurandes au lieu de les modifier, les Français du XIXe siècle doivent modifier la concurrence au lieu de l’abolir. Puisque la concurrence a été établie en France, au XVIIIe siècle, comme conséquence de besoins historiques, cette concurrence ne doit pas être détruite au XIXe siècle, à cause d’autres besoins historiques. M. Proudhon, ne comprenant pas que l’établissement de la concurrence se liait au développement réel des hommes du XVIIIe siècle, fait de la concurrence une nécessité de l’âme humaine, in partibus infidelium. Qu’aurait-il fait du grand Colbert pour le XVIIe siècle ?

Après la Révolution vient l’état de choses actuel. M. Proudhon y puise également des faits pour montrer l’éternité de la concurrence, en prouvant que toutes les industries dans lesquelles cette catégorie n’est pas encore assez développé, comme dans l’agriculture, sont dans un état d’infériorité, de caducité.

Dire qu’il y a des industries qui ne sont pas