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des actes qui n’étaient rien moins que philanthropiques. Les enfants furent tenus au travail à coups de fouet ; on en faisait un objet de trafic, et on passait un contrat avec les maisons des orphelins. On abolit toutes les lois sur l’apprentissage des ouvriers, parce que, pour nous servir des phrases de M. Proudhon, on n’avait plus besoin des ouvriers synthétiques. Enfin, depuis 1825, presque toutes les nouvelles inventions furent le résultat des collisions entre l’ouvrier et l’entrepreneur qui cherchait à tout prix à déprécier la spécialité de l’ouvrier. Après chaque nouvelle grève tant soit peu importante, surgit une nouvelle machine. L’ouvrier voyait si peu dans l’application des machines une espèce de réhabilitation, de restauration, comme dit M. Proudhon, qu’au XVIIIe siècle, il résista pendant bien longtemps à l’empire naissant de l’automate.

Wyalt, dit le docteur Ure, avait découvert les doigts fileurs [la série des rouleaux cannelés], longtemps avant Arkwright… La principale difficulté ne consistait pas autant dans l’invention d’un mécanisme automatique… La difficulté consistait surtout dans la discipline nécessaire pour faire renoncer les hommes à leurs habitudes irrégulières dans le travail, et pour les identifier avec la régularité invariable d’un grand automate. Mais inventer et mettre en vigueur un code de discipline manufacturière, convenable aux besoins et à la célérité du système automatique, voilà une