Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que M. Proudhon voulait prouver ? Non. D’après lui, c’est du souverain, et non du commerce, que l’argent reçoit sa valeur. Et qu’a-t-il prouvé effectivement ? Que le commerce est plus souverain que le souverain. Que le souverain ordonne qu’un marc soit désormais deux marcs, le commerce vous dira toujours que ces deux mares ne valent que le marc d’auparavant.

Mais pour cela la question de la valeur déterminée par la quantité de travail n’a pas fait un pas. Il reste toujours à décider si ces deux marcs, redevenus le marc d’auparavant, sont déterminés par les frais de production ou par la loi de l’offre et de la demande ?

M. Proudhon continue : « Il est même à considérer que si, au lieu d’altérer les monnaies, il avait été au pouvoir du roi d’en doubler la masse, la valeur échangeable de l’or et de l’argent aurait aussitôt baissé de moitié, toujours pour cette raison de proportionnalité et d’équilibre. » Si cette opinion, que M. Proudhon partage avec les autres économistes, est juste, elle prouve en faveur de leur doctrine de l’offre et de la demande, et nullement en faveur de la proportionnalité de M. Proudhon. Car, quelle que fût la quantité de travail fixé dans la masse doublée de l’or et de l’argent, sa valeur serait tombée de moitié, la demande étant restée la même et l’offre ayant doublé. Ou bien est-ce que, par hasard, « la loi de proportionnalité » se confondrait cette fois avec la loi