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rentiers, tous les gens qui avaient à recevoir cent muids de blé, il aurait été la cause que tous ces gens-là, au lieu de recevoir cent muids de blé, n’en auraient reçu que cinquante. Supposez le roi débiteur de cent muids de blé ; il n’en aurait eu à payer que cinquante. Mais dans le commerce cent muids n’auraient jamais valu plus de cinquante. En changeant le nom on ne change pas la chose. La quantité du blé, soit offerte, soit demandée, ne sera ni diminuée ni augmentée par ce seul changement de nom. Ainsi le rapport de l’offre à la demande étant également le même malgré cette altération de nom, le prix du blé ne subira aucune altération réelle. En parlant de l’offre et de la demande des choses, on ne parle pas de l’offre et de la demande du nom des choses. Philippe Ier n’était pas faiseur d’or ou d’argent, comme dit Proudhon ; il était faiseur du nom des monnaies. Faites passer vos cachemires français pour des cachemires asiatiques, il est possible que vous trompiez un acheteur ou deux ; mais la fraude une fois connue, vos prétendus cachemires asiatiques descendront au prix des cachemires français. En donnant une fausse étiquette à l’or et à l’argent, le roi Philippe Ier ne pouvait faire des dupes que tant que la fraude n’était pas connue. Comme tout autre boutiquier, il trompait ses pratiques par une fausse qualification de la marchandise : cela ne pouvait durer qu’un temps. Tôt ou tard il devait subir la rigueur des lois commerciales. Est-ce là