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de février à juin 1848
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grande bataille entre les deux classes qui partagent la société moderne. La lutte devait aboutir au maintien ou à l’anéantissement de l’ordre bourgeois. Le voile qui cachait la République se déchira.

On sait que les ouvriers avec un courage et un génie sans exemple, sans chefs, sans plan commun, sans moyens de défense et manquant d’armes pour la plupart tinrent en échec pendant cinq jours l’armée, la garde mobile, la garde nationale de Paris et la garde nationale des provinces accourue dans la capitale. On sait que la bourgeoisie se dédommagea d’une peur mortelle par une brutalité inouïe et massacra plus de trois mille prisonniers.

Les représentants officiels de la démocratie française étaient tellement renfermés dans l’idéologie républicaine qu’ils ne commencèrent à soupçonner le sens des combats de juin que quelques semaines plus tard. La poudre qui assassinait leur république fantastique les avait rendus sourds.

Le lecteur nous permettra, pour traduire l’impression première que la nouvelle de la défaite de juin produisit sur nous, de nous servir des termes mêmes de la Neue rheinische Zeitung.

« Ce qui restait officiellement de la révolution de Février, la commission exécutive, s’est évanoui comme une ombre devant la gravité des circonstances. Les feux d’artifice de Lamartine sont devenus les fusées de Cavaignac. L’expression