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la lutte des classes en france

sur le parlement, du pouvoir exécutif sur le législatif, du pouvoir sans phrase sur le pouvoir de la phrase. Dans le Parlement, la nation élevait la volonté générale au rang d’une loi ; de la loi de la classe dominante, elle faisait la volonté générale. En présence du pouvoir exécutif, toute volonté particulière abdique et se soumet à l’ordre supérieur d’une volonté étrangère, à l’autorité. Le pouvoir exécutif contrairement au pouvoir législatif, exprime l’hétéronomie de la nation opposée à son autonomie. La France semble donc n’échapper au despotisme d’une classe que pour tomber sous le despotisme d’un individu, bien plus, sous l’autorité d’un individu sans autorité. Le différend paraît si bien accommodé que toutes les classes, également impuissantes et également muettes, s’agenouillent devant une crosse de fusil.

Mais la révolution va au fond des choses. Actuellement, sa route traverse encore le purgatoire. Elle conduit son affaire avec méthode. Jusqu’au 2 décembre 1851, elle n’avait accompli que la moitié de ses préparatifs, elle s’occupe maintenant de l’autre moitié. Elle a d’abord parfait le pouvoir parlementaire pour qu’il lui fût possible de le renverser. Maintenant qu’elle a atteint ce but, elle parfait le pouvoir exécutif, le réduit à sa plus simple expression, en fait l’unique grief pour pouvoir concentrer contre lui toutes ses forces de destruction. Et quand elle aura accompli la seconde