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la lutte des classes en france

donc ni une réserve discrète du chef de la société du 10 décembre, ni une surprise imprévue de l’Assemblée nationale qui permit à l’attentat de réussir. S’il réussit, il le fit malgré l’indiscrétion de l’un et malgré la connaissance qu’en avait au préalable l’autre. C’était un résultat nécessaire, inévitable du développement historique antérieur.

Le 10 octobre, Bonaparte annonça à ses ministres sa volonté de rétablir le suffrage universel. Le 16, ils donnèrent leur démission, le 26, Paris apprit la constitution du ministère Thorigny. En même temps, le préfet de police Carlier était remplacé par Maupas ; le chef de la première division militaire, Magnan, rassembla les régiments les plus sûrs dans la capitale. Le 4 novembre, l’Assemblée nationale rouvrait ses séances. Il ne lui restait plus qu’à reprendre, brièvement, rapidement, sous forme de répétition, le cours qu’elle avait déjà suivi, qu’à montrer qu’elle ne fut enterrée que quand elle était déjà bien morte.

Le ministère était le premier poste de combat qu’elle avait perdu dans sa lutte contre le pouvoir exécutif. Elle dut solennellement convenir du dommage quand elle dut prendre au sérieux le ministère Thorigny, ministère purement illusoire. La commission permanente avait reçu par des rires M. Giraud, quand il s’était présenté au nom du nouveau cabinet. Un ministère si infirme chargé de prendre des mesures aussi grosses que le rétablissement du suffrage universel ! Mais il s’agissait