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la lutte des classes en france

croyance doit être ferme quand chaque déluge menace d’emporter, avec les anciens États, les dettes qu’ils ont contractées ?

La bourgeoisie industrielle, dans son amour fanatique de l’ordre, était mécontente, elle aussi, des querelles que le « parti de l’ordre » cherchait au pouvoir exécutif. Thiers, Anglas, Sainte-Beuve reçurent, après leur vote du 18 janvier à propos de la destitution de Changarnier, des remontrances publiques de leurs mandants habitant précisément des districts industriels. On y flagellait leur coalition avec la Montagne comme une haute trahison envers l’ordre. Nous avons vu que les taquineries fanfaronnes, les intrigues mesquines par lesquelles se manifestait la lutte du « parti de l’ordre » contre le président ne méritaient pas un meilleur accueil. D’autre part, c’était le parti bourgeois qui demandait à ses représentants de laisser passer sans opposition le pouvoir militaire des mains de son propre Parlement dans celles d’un prétendant aventurier. Ce parti ne méritait même pas qu’on se dépensât en intrigues dans son intérêt. Il prouvait ainsi que la lutte que l’on menait pour revendiquer ses intérêts publics, ses propres intérêts de classe, son pouvoir politique ne faisait que l’indisposer, l’importuner parce qu’elle troublait son petit commerce.

Les notabilités bourgeoises des villes départementales, les conseils, les juges consulaires reçurent partout, presque sans exception, de la