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le xviii brumaire de louis bonaparte
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blique, ni la renverser, ni maintenir la constitution, ni la jeter à la voirie, ni faire cause commune avec le président, ni rompre avec lui. De qui attendait-il la solution de toutes ces contradictions ? Du calendrier, de la marche des événements. Ce parti cessait de s’attribuer un pouvoir sur eux. C’était donner aux événements la tentation de lui faire violence, c’était provoquer à l’attentat le pouvoir auquel il avait, dans sa lutte contre le peuple, abandonné l’une après l’autre toutes ses attributions au point de se trouver maintenant désarmé en face de lui. Pour permettre au chef du pouvoir exécutif d’élaborer plus tranquillement son plan de campagne contre elle, de renforcer ses moyens d’attaques, de choisir ses instruments, l’Assemblée résolut de disparaître de la scène dans ce moment critique et de s’ajourner à trois mois : du 10 août au 4 novembre.

Non seulement le parti parlementaire s’était divisé en ses deux grandes fractions, non seulement chacune de ces fractions s’était elle-même décomposée, mais encore le « parti de l’ordre » qui siégeait au Parlement s’était brouillé avec le « parti de l’ordre » resté hors du Parlement. Les orateurs et les écrivains de la bourgeoisie, sa tribune et sa presse, bref les idéologues bourgeois et la bourgeoisie elle-même, les représentants et les représentés étaient devenus étrangers et ne se comprenaient plus.

Les légitimistes de province, à l’horizon limité,