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la lutte des classes en france

cachés. Telle fut la proposition d’accorder aux sous-officiers une haute paie journalière de quatre sous. De même, la proposition d’instituer une banque de prêt d’honneur en faveur des ouvriers.

Obtenir de l’argent sous forme de don ou de prêt, c’était là la perspective par laquelle il espérait leurrer les masses. Le don et le prêt, voilà à quoi se limite la science financière de la canaille[1] haute et basse. Tels étaient les ressorts que Bonaparte savait mettre en activité. Jamais un prétendant n’a plus platement spéculé sur la platitude des masses.

L’Assemblée nationale s’emporta à plusieurs reprises en présence de ces tentatives indiscutables d’acquérir de la popularité à ses dépens. Un danger menaçait : cet aventurier, que les dettes aiguillonnaient et que la réputation acquise ne retenait pas, pouvait tenter un coup désespéré. Le désaccord entre le « parti de l’ordre » et le président avait pris un caractère menaçant quand un événement imprévu le rejeta repentant dans les bras de l’Assemblée. Nous voulons dire les élections complémentaires du 10 mars 1850. Elles étaient destinées à pourvoir aux sièges que la prison ou l’exil avaient rendus vacants après le 13 juin. Paris n’élut que des candidats démocrates-socialistes. Il réunit même le plus grand nombre de ses suffrages sur le nom d’un insurgé de juin 1848, sur Deflotte. C’était ainsi que la petite bourgeoisie parisienne alliée au

  1. Lumpenproletariat.