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la lutte des classes en france

qui était maintenant le masque de fer qui l’empêchait de montrer sa physionomie propre. Il avait installé le ministère Barrot pour briser l’Assemblée nationale républicaine au nom du « parti de l’ordre » ; il le renvoya pour bien marquer au « parti de l’ordre » combien son propre nom était peu sous la dépendance de l’Assemblée nationale.

Il ne manquait pas de raisons plausibles à ce renvoi. Le ministère Barrot négligeait même les formes de bienséance qui auraient pu montrer que le président de la République était une puissance à côté de l’Assemblée nationale. Pendant les vacances, Bonaparte publia une lettre à Edgard Ney où il semblait désapprouver la conduite libérale du pape. Il avait de même, pour faire pièce à la Constituante, publié une lettre où il félicitait Oudinot de son attaque contre la République romaine. Quand l’Assemblée vota le budget de l’expédition romaine, Victor Hugo, par soi-disant libéralisme, mit la lettre en discussion. Le « parti de l’ordre » étouffa l’incident sous des interruptions incroyablement méprisantes comme si les idées de Bonaparte ne pouvaient en aucun cas avoir quelque importance politique. Aucun des ministres ne releva le gant pour lui. Dans une autre occasion, Barrot, usant du pathos vide qu’on lui connaissait bien, laissa tomber, du haut de la tribune, des paroles d’indignation, flétrissant les « abominables excès » qui, à son dire, se produisaient dans l’entourage le plus proche du pré-