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le xviii brumaire de louis bonaparte
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elle-même sa puissance parlementaire avant que le temps et les circonstances ne lui aient permis de la consolider. La Montagne donna tête baissée dans le panneau.

Le bombardement de Rome par les troupes françaises fut l’amorce qu’on lui jeta. Cet acte violait l’article V de la constitution qui interdit à la République française de tourner ses forces contre la liberté d’une autre nation. De plus, l’article IV interdisait au pouvoir exécutif de déclarer la guerre sans l’assentiment de l’Assemblée nationale et la Constituante avait, par sa décision du 8 mai, désapprouvé l’expédition romaine. Pour ces motifs, Ledru-Rollin déposa, le 11 juin 1849, une demande de mise en accusation de Bonaparte et de ses ministres. Irrité par les piqûres de Thiers, il se laisse même emporter jusqu’à menacer de vouloir défendre la constitution par tous les moyens, même les armes à la main. La Montagne se leva comme un seul homme et répéta cet appel aux armes. Le 12 juin, l’Assemblée rejeta la mise en accusation, et la Montagne quitta le parlement. Les événements du 13 juin sont connus : la proclamation d’une partie de la Montagne mettant Bonaparte et ses ministres « hors la constitution » ; la procession dans les rues de gardes-nationaux démocrates, qui, désarmés comme ils l’étaient, s’évanouirent dès qu’ils rencontrèrent les troupes de Changarnier. Une partie de la Montagne se réfugia à