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le xviii brumaire de louis bonaparte
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Invention remarquable, périodiquement employée dans chaque crise ultérieure survenue au cours de la révolution française. Mais la caserne et le bivac que l’on imposait périodiquement à la société française pour peser sur son cerveau et en faire une personne tranquille ; le sabre et le mousqueton à qui l’on faisait périodiquement rendre la justice et administrer, exercer l’office de tuteur et de censeur, jouer le rôle de la police et remplir le personnage de veilleur de nuit ; la moustache et l’habit de munition que l’on célébrait périodiquement comme l’expression supérieure de la société, dont on faisait le recteur de la société ; — la caserne et le bivac, le sabre et le mousqueton, la moustache et l’uniforme ne devaient-ils pas finir par croire qu’il valait mieux sauver la société une fois pour toutes, publier que leur régime était le plus élevé de tous et délivrer complètement la société civile du souci de se gouverner elle-même ? La caserne, le bivac, le sabre et le mousqueton, la moustache et l’uniforme devaient d’autant plus s’arrêter à cette idée qu’ils pouvaient s’attendre à être mieux payés, puisque les services rendus étaient plus importants ; dans les mises en état de siège périodiques, dans les sauvetages passagers de la société sur l’injonction de telle ou telle fraction de la bourgeoisie, l’agrément était maigre : quelques morts et quelques blessés ; quelques grimaces amicales des bourgeois. Est-ce que le militaire ne devait pas enfin commencer à jouer de l’état de