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la lutte des classes en france

peu clair sur les conditions de cette transformation. Ce qui par contre éclatait comme le jour, ce que l’on proclama dans les banquets réformistes des derniers temps de Louis-Philippe, ce fut son impopularité chez les petits bourgeois démocrates et surtout chez les prolétaires révolutionnaires. Ces républicains purs, s’il peut toutefois s’en rencontrer, étaient déjà sur le point de se contenter d’abord d’une régence de la duchesse d’Orléans quand éclata la révolution de Février qui offrit à ses représentants les plus connus une place dans le gouvernement provisoire. Ils jouissaient naturellement de prime abord de la confiance de la bourgeoisie et de la majorité de l’Assemblée nationale constituante. Les éléments socialistes du gouvernement provisoire furent aussitôt exclus de la commission exécutive que l’Assemblée nationale constitua dès sa réunion. Le parti du National profita de plus de l’insurrection de Juin qui éclata pour congédier la commission exécutive et se débarrasser ainsi de ses rivaux les plus immédiats, les républicains petits bourgeois ou démocrates, Ledru, etc. Cavaignac, le général du parti républicain bourgeois, qui commandait la bataille de Juin, investi d’une sorte de pouvoir dictatorial, remplaça la commission exécutive. Marrast, jadis rédacteur en chef au National devint le président perpétuel de l’Assemblée nationale constituante et les ministères, ainsi que tous les autres postes importants, tombèrent au pouvoir des républicains purs.