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la lutte des classes en france

combattaient. Les journaux étaient pleins des projets de réconciliation qui avaient été discutés près du lit de douleur de Louis-Philippe, à Saint-Léonard. La mort du roi détrôné simplifia la situation. Louis-Philippe était l’usurpateur, Henri V le spolié. Le comte de Paris, par contre, en l’absence de descendant bourbonien, était l’héritier légitime de la couronne. Tout obstacle à la fusion des deux intérêts dynastiques disparaissait. Précisément à ce moment, les deux portions de la bourgeoisie découvrirent que ce n’était pas leur enthousiasme pour une maison royale particulière qui les séparait, mais que c’étaient bien plutôt des intérêts de classe différents qui divisaient les deux dynasties. Les légititimistes, en pèlerinage à la cour de Henri V, comme leurs concurrents l’étaient à Saint-Léonard, y apprirent la mort de Louis-Philippe. Ils formèrent aussitôt un ministère in partibus infidelium. Il comprenait surtout des membres de la commission chargée de protéger la vertu de la République. Le ministère, prenant prétexte d’une dispute de parti, se présenta en proclamant de la façon la plus franche les principes du droit divin. Les orléanistes se réjouirent du scandale compromettant que ce manifeste suscita dans la presse et ne dissimulèrent à aucun moment leur hostilité ouverte envers les légitimistes.

Les conseils généraux se réunirent pendant la prorogation de l’Assemblée nationale. Leur majorité se prononça pour une revision de la constitu-