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abolition du suffrage universel
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et, pour venger le gouvernement, le parquet poursuivit aussitôt plusieurs journaux légitimistes pour attaques contre la constitution.

Enfin vint la question de la prorogation de la Chambre. Bonaparte désirait cette mesure pour pouvoir opérer sans en être empêché par l’Assemblée. Le « parti de l’ordre » ne la désirait pas moins, pour permettre aux fractions de pousser leurs intrigues, ou aux députés de veiller à leurs intérêts. Tous en avaient besoin pour fortifier en province les succès de la réaction et en récolter les fruits. L’Assemblée s’ajourna du 11 août au 11 novembre ; mais comme Bonaparte n’avait nullement dissimulé que s’il tenait à la prorogation, c’était parce qu’elle le débarrassait du contrôle importun de l’Assemblée, celle-ci donna même à son vote de confiance une signification de défiance. Tous les bonapartistes furent écartés de la commission permanente de vingt-huit membres chargée, pendant les vacances, de veiller sur la vertu de la République. A leur place, on élut même quelques républicains du Siècle et du National pour marquer au président la fidélité de l’Assemblée envers la République constitutionnelle.

Quelque temps avant et surtout immédiatement après la prorogation de l’Assemblée, les deux grandes fractions du « parti de l’ordre », les orléanistes et les légitimistes semblèrent vouloir se reconcilier et cela au moyen d’une fusion des deux maisons royales sous les drapeaux desquelles elles