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la lutte des classes en france

électoral, entièrement sous l’influence des ouvriers, présenta trois candidats pour Paris : Deflotte, Vidal et Carnot. Deflotte était un déporté de juin, amnistié dans un de ces accès où Bonaparte essayait de se ménager la popularité. C’était un ami de Blanqui, et il avait participé à l’attentat du 15 mars. Vidal, connu comme écrivain communiste par son livre de La répartition de la richesse était l’ancien secrétaire de Louis Blanc à la commission du Luxembourg. Carnot, le fils du conventionnel, de l’organisateur de la victoire, le moins compromis des membres du parti du National avait été ministre de l’instruction publique. Son démocratique projet de loi sur l’instruction primaire était une protestation vivante contre la loi sur l’instruction due aux Jésuites. Ces trois candidats représentaient les trois classes alliées : en tête, l’insurgé de Juin, le représentant du prolétariat révolutionnaire ; à côté de lui, le socialiste doctrinaire, le représentant de la petite bourgeoisie socialiste ; en troisième lieu, enfin, le représentant du parti républicain bourgeois dont les formules démocratiques, opposées à celles du « parti de l’ordre » avaient pris une couleur socialiste et perdu, depuis longtemps, leur sens propre. C’était comme en février une coalition générale contre la bourgeoisie et le gouvernement. Mais, cette fois, le prolétariat était à la tête de la ligue révolutionnaire.

Malgré tous les efforts, les candidats socialistes