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la lutte des classes en france

bouleversement enfin de toutes les idées qui découlent de ces rapports sociaux.

L’espace qui nous est réservé ne nous permet pas de développer davantage ce sujet.

Nous avons vu que si, dans le parti de l’ordre, l’aristocratie financière devait nécessairement prendre la tête, dans le parti de l’Anarchie ce devait être le prolétariat. Les différentes classes, unies en une ligne révolutionnaire, se groupaient donc autour du prolétariat ; les départements devenaient de moins en moins sûrs ; l’Assemblée législative était de plus en plus mécontente des prétentions du Soulouque français. Pendant ce temps, approchaient les élections complémentaires, longtemps ajournées et retardées, qui devaient pourvoir au remplacement des Montagnards proscrits le 13 juin.

Le gouvernement, méprisé par ses ennemis, maltraité et journellement humilié par ses soi-disant amis, ne voyait qu’un moyen de sortir de sa situation répugnante, intolérable : l’émeute. Une émeute à Paris eût permis de mettre en état de siège la capitale et les départements, d’être ainsi maître des élections. D’autre part, les amis de l’ordre auraient été contraints à des concessions vis-à-vis d’un gouvernement vainqueur de l’anarchie, s’ils ne voulaient pas, eux-mêmes, passer pour anarchistes.

Le gouvernement se mit à l’œuvre. Au commencement de février, on provoqua le peuple en