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de juin 1849 au 10 mars 1850
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A mesure que la population croissait, que d’autre part augmentait la division de la terre, le prix de la parcelle s’élevait, car la demande croissait avec son exiguïté ; mais à mesure que le prix de la parcelle montait, soit que le paysan l’achetât directement, ou qu’il se la fît compter comme capital par ses cohéritiers, l’endettement du paysan, c’est-à-dire l’hypothèque croissait en proportion. Le titre de la créance dont la terre est chargée se nomme en effet hypothèque, c’est la créance dont le sol est le nantissement. De même qu’au moyen âge les privilèges s’accumulaient sur les biens-fonds, les hypothèques s’amoncellent actuellement sur les parcelles. De plus, sous le régime parcellaire, la terre est pour son propriétaire un pur instrument de production. Or, à mesure que la division du terrain augmente, sa fertilité diminue. L’application de la machine à la terre, la division du travail, les améliorations principales, canaux d’irrigation, d’asséchement, etc., deviennent de plus en plus impossibles, parce que les faux-frais de la culture croissent proportionnellement à la division du moyen de production. Mais, l’état de division augmentant, le bien-fonds et le matériel le plus misérable tendent de plus en plus à devenir l’unique capital du cultivateur parcellaire. Les avances de capital, faites à la terre, diminuent, les petits paysans voient de plus en plus leur faire défaut le sol, l’argent et le savoir nécessaire à l’utilisation des progrès de l’agronomie : l’agriculture rétrograde