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la lutte des classes en france

ment compromis le 20 décembre 1848. Le « neveu de son oncle » n’était pas le premier membre de la famille que l’impôt des boissons avait abattu, cet impôt qui, suivant une expression de Montalembert, annonce la tourmente révolutionnaire. Le vrai, le grand Napoléon déclarait à Sainte-Helène que le rétablissement des droits sur le vin avait plus contribué à sa chute que tout le reste, en lui aliénant les paysans du Midi de la France. Objet préféré de la haine populaire déjà sous Louis XIV (cf. les écrits de Boisguillebert et de Vauban), cet impôt avait été rétabli en le modifiant, il est vrai, par Napoléon en 1808. Quand la Restauration fit son apparition en France, les Cosaques n’étaient pas seuls à trotter devant elle, elle était également précédée des assurances de supprimer ces droits. La « gentilhommerie » n’avait naturellement pas besoin de tenir parole à la « gent taillable à merci et miséricorde[1] ». En 1830, on promit la suppression de l’impôt des boissons ; mais, en 1830, on n’avait l’habitude ni de faire ce qu’on disait, ni de dire ce qu’on faisait. En 1848, on promit la suppression de cet impôt, comme on promit tout. La Constituante, qui ne promit rien, fit, comme nous l’avons dit, une disposition testamentaire en vertu de laquelle l’impôt des boissons devait cesser d’être en vigueur à partir du 1er janvier 1850. Et, précisément dix jours avant cette date, la Législa-

  1. En français dans le texte.