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la lutte des classes en france

ne règne pas en maîtresse sur la production de la France : aussi les industriels français ne dominent-ils pas la bourgeoisie française. Pour faire prévaloir leurs intérêts sur les autres fractions de la bourgeoisie, les fabricants ne peuvent, comme en Angleterre, prendre la tête du mouvement et faire ainsi prédominer leurs intérêts. Il leur faut être à la suite de la révolution et servir des intérêts contraires à ceux de la totalité de leur classe. En Février, ils avaient méconnu la situation, Février leur servit de leçon. Et qui donc est plus directement menacé par les ouvriers que l’employeur, le capitaliste industriel ? Le fabricant devint donc nécessairement un adepte fanatique du « parti de l’ordre ». Qu’est-ce que l’atteinte portée au profil par la finance, comparée à la suppression du profit par le prolétariat ?

En France, le petit bourgeois fait ce que, normalement, devrait faire le bourgeois industriel. L’ouvrier fait ce qui est, normalement, l’affaire du petit bourgeois. Et le problème qui intéresse l’ouvrier, qui le résout donc ? Personne. En France, on ne résout pas ce problème, on le proclame. Il ne sera jamais résolu dans les limites nationales. La guerre des classes, menée au sein de la société française devient une guerre universelle, où les nations se trouvent en présence. La solution ne peut intervenir qu’au moment où, grâce à une guerre internationale, le prolétariat se trouvera à la tête de la nation qui règne sur le