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de juin 1849 au 10 mars 1850
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cellule. C’était la férule, non l’épée qu’elle tenait suspendue au-dessus de la Montagne décapitée. Le reste des Montagnards aurait dû tenir à honneur de se retirer en masse. Un acte semblable aurait précipité la dissolution du parti de l’ordre. Il devait, en effet, se résoudre en ses éléments originels dès que l’apparence même d’une opposition ne les réunissait plus.

En même temps qu’on dérobait aux petits bourgeois démocrates leur pouvoir parlementaire, on les privait aussi de leurs armes. L’artillerie de Paris ainsi que les 8e, 9e et 12e légions de la garde nationale étaient licenciées. Par contre, la légion de la haute finance qui, le 13 juin, avait envahi les imprimeries de Boulé et de Roux, brisé les presses, dévasté les bureaux des journaux républicains, arrêté arbitrairement les rédacteurs, compositeurs, imprimeurs, expéditeurs, commissionnaires, etc, reçut une approbation encourageante du haut de la tribune de l’Assemblée nationale. Sur toute la surface de la France se répétait le licenciement des gardes nationales suspectes de républicanisme.

Une nouvelle loi sur la presse, une nouvelle loi sur les associations, une nouvelle loi sur l’État de siège, les prisons de Paris plus que pleines, les réfugiés politiques chassés, tous les journaux plus avancés que le National suspendus, Lyon et les cinq départements limitrophes livrés à la chicane brutale du despotisme militaire, les parquets