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quelques restes, tout à fait isolés, moins de cent mille âmes au total (les Kassubiens en Poméranie, les Wendes ou Sorbiens en Lusatie), leurs habitants sont Allemands dans tous les sens et sous tous les rapports. Mais il en est autrement tout le long de la frontière de l’ancienne Pologne et dans les pays de langue tchèque, en Bohême et en Moravie. Ici, dans chaque district, les deux nationalités sont mêlées ; les villes sont généralement plus ou moins allemandes, tandis que, dans les campagnes, l’élément slave prédomine, bien que désagrégé et repoussé peu à peu par les progrès constants de l’influence allemande.

La raison de cet état de choses est la suivante : depuis l’époque de Charlemagne, les Allemands ont toujours dirigé leurs efforts les plus constants et les plus persévérants vers la conquête, la colonisation ou, au moins, la civilisation de l’Est de l’Europe. Les conquêtes accomplies par la noblesse féodale entre l’Elbe et l’Oder, et les colonies féodales des chevaliers des ordres militaires en Prusse et en Livonie, n’ont fait que jeter les bases d’un système de germanisation, beaucoup plus étendu et plus effectif, dû aux efforts des classes moyennes, commerçants et manufacturiers, — système qui, depuis le xve siècle, a acquis, aussi bien en Allemagne que dans le reste de l’Europe occidentale, une importance sociale et politique. Les Slaves, surtout les Slaves occidentaux (Polonais et Tchèques), sont une race essentiellement agri-